Faire le tour du monde avec seulement une carte d'identité ?!

Aujourd'hui on avait envie de vous parler du défi fou que s'est lancé Pierre Malpel. De la Guyane à Mayotte en passant par la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Pierre et Miquelon, la Polynésie Française et l'île de La Réunion, il part en février 2022 à la découverte des territoires d'outre-mer pour y réaliser son premier long-métrage documentaire.

C'est donc avec une simple carte d'identité qu'il s'embarque dans cette aventure autour du monde. Son but est de mettre en avant la France d'Outre-mer au travers de différents modes de vies. Pour cela il partira à la rencontre de populations locales pour les suivre dans leur quotidien et chercher une réponse à la question "qu'est ce que bien-vivre ?".

Il rencontrera, entre autres, un marin-pêcheur, un fabricant de tambour, une communauté qui vit loin de tout, des volontaires pour la préservation du récif corallien de Mayotte ou encore un shaper reconnu. Tant de visages et de quotidiens qu'il nous invitera à découvrir.

Ce projet nous a beaucoup plu, c'est pourquoi on a voulu en savoir plus et poser quelques questions à Pierre. Mettre en avant de belles initiatives, c'est aussi ça VoyagesPirates.

Détails

Comment as-tu eu l’idée de ce projet?

Je m’intéresse au cinéma et à la réalisation depuis le lycée et j’ai toujours eu en tête de réaliser un premier long-métrage lorsqu’en j’en aurai l’occasion. Je viens de terminer mes études en management et j’ai décidé de dédier les 6 premiers mois de ma vie professionnelle à la réalisation d’un film. Il y a 2 ans, j'ai donc commencé à réfléchir aux thèmes auxquels j’aimerai m’intéresser. Le voyage occupe une place importante dans ma vie et j’aime partir à la rencontre de nouvelles cultures et d’autres façons de vivre. Je souhaitais réaliser un documentaire sur la notion du « bien-vivre », être heureux ou réussir sa vie, qui montrerait un contraste entre 3 cultures, 3 pays donc.

Je souhaitais être en immersion, dormir chez l’habitant pour pouvoir suivre les protagonistes lors de leur temps en famille, au travail et avec leurs amis. Je souhaitais également tourner rapidement et être le plus flexible possible.

Puis la pandémie est arrivée. Toutes les frontières ont fermé. Partir en tournage au Népal devenait plus compliqué.

Je me suis penché sur une mappemonde et je me suis demandé si finalement il ne serait pas possible de faire le tour du monde en restant en France. Est-ce que je ne pourrai pas aller à l’autre bout du monde à la recherche de quotidiens atypiques sans jamais quitter mon pays ?

La question du bien-vivre a été ré-interrogée par le confinement et la diversité culturelle qu’offre les territoires d’outre-mer est un excellent atout pour répondre à cette question.

C'est comme ça que j'ai commencé à m'intéresser aux territoires d’outre-mer et à leurs artisans, leurs familles et communautés aux philosophies de vies variées. J’ai souhaité m'intéresser aux habitants, montrer leur savoir-faire et leur savoir-vivre de l’intérieur pour répondre à la question : qu’est-ce que bien-vivre ?

Combien de temps va durer ton voyage?

Le voyage durera 4 mois. J'ai prévu en moyenne 2 semaines de tournage dans chaque destination. C’est selon moi le temps minimum requis pour capter le quotidien de ces personnes durant leur temps au travail, avec leurs amis et leur famille. Je suis entré en contact avec ces personnes en amont pour avoir un premier contact et ne pas partir de zéro sur place.

Combien de temps a duré l'organisation de cette aventure ?

Ça fait donc maintenant 2 ans que je prépare ce voyage et le tournage. Il y a eu d’abord un gros travail de recherche et d’écriture. Le but étant de trouver des particularités culturelles, il s’agit de ne pas tomber dans le cliché. Je me suis renseigné auprès de personnes vivant sur place afin de trouver des protagonistes qui accepteraient de faire partie du documentaire. Puis évidemment il faut réunir le financement pour un tel projet, c’est ce qui prend le plus de temps. Enfin les conditions pour voyager étant très instables avec la pandémie, il a fallu s’adapter constamment.

Quels sont les objectifs pour toi à la fois de cette aventure humaine et pour ton futur documentaire?

Le premier objectif est de réussir à réaliser un premier long métrage documentaire de qualité professionnelle qui réussisse à transmettre la réalité du voyage. Je veux laisser la place aux personnes que je rencontrerai pour que le spectateur ressente l’immersion du voyage et du sujet. Je souhaite également mettre en avant les territoires d’outre-mer qui méritent beaucoup plus de lumière au vu de leur richesse culturelle et de leur savoir-vivre.

Ce tournage est l’occasion d’aller à la rencontre de personnes passionnantes. J’espère réussir à transmettre la richesse de ces rencontres au travers de l’image. Je souhaite proposer une autre manière de raconter le réel. Adopter la forme du cinéma de fiction, sans l’artifice d’une voix off pour expliquer les choses. J’aspire à ce que chacun ait sa propre interprétation de ce documentaire, et qu’il vous fasse discuter et voyager au lieu de vous endormir.

Quelles ont été les principales difficultés lors de l’élaboration de ce projet ?

Le premier challenge était de réunir les fonds nécessaires pour produire le film. Le projet de faire un tour du monde avec une carte d’identité française attire la curiosité mais il faut ensuite réussir à convaincre des sponsors de me suivre dans l’aventure. La notion de bien-vivre est parfois compliquée à expliquer et à pitcher.

Le deuxième obstacle est purement logistique. Il est parfois très difficile de passer d’un territoire d’outre-mer à un autre. Quitter Saint-Pierre et Miquelon pour aller en Polynésie française, ce n’est pas le plus évident à faire ni le moins cher. Cela montre l’isolement de certains de ces territoires. Évidemment la fermeture de la plupart des frontières n’aide pas. C’est un joli casse-tête pour réussir à rejoindre ces territoires sans payer des prix exorbitants et éviter de prendre 10 avions.

C’est également compliqué de trouver les protagonistes intéressés pour faire partie du documentaire sans être sur place. Le décalage horaire n’aide pas non plus pour appeler les personnes. Je souhaite à tout prix éviter les clichés et trouver des sujets qui sont inconnus pour la majorité des spectateurs.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer dans un tel projet ?

Le premier conseil c'est de s'y prendre en avance. Le temps manque toujours même en s’organisant bien : préparer un tournage, et surtout chercher des financements peut prendre beaucoup de temps. En ce qui me concerne, je porte le projet seul et en pleine pandémie. Ça n’a pas aidé à réunir les fonds. Mais c’est possible ! Ne rien lâcher, ne surtout pas prendre les refus pour soi. C’est 99% de non pour 1% de oui.

Dans le cas d’un projet de film, il faut absolument passer du temps à écrire, développer son idée pour ensuite être capable de l'expliquer synthétiquement et donc convaincre des partenaires de vous suivre.

Pour un projet de voyage, je dirai qu’il faut commencer par discuter avec des personnes qui connaissent les territoires dans lesquels vous vous rendez, discuter de son projet avec vos proches et réunir le maximum de retours sur le projet. Entre l’idée de départ et le résultat final, il y aura énormément de changements, il faut l’accepter et même en tirer profit.

Pour la partie recherche de sponsors : un support écrit soigné et attirant. Il faut d’abord attirer la curiosité de la personne avant de rentrer dans les détails.

La pandémie a-t-elle affecté ton projet ?

La pandémie a décalé le projet d'un an puisqu’initialement je devais partir en février 2021. Cette année supplémentaire a permis de mieux préparer le voyage sur plusieurs points. La pandémie a aussi affecté le projet dans son essence même puisque l’idée de faire un tour du monde en restant en France est née de la contrainte des frontières fermées.

Les confinements successifs ont fait réfléchir beaucoup de personnes sur leur vie et la façon dont ils la vivent. Cela a confirmé mon envie d’explorer cette notion au travers du voyage et du documentaire.

Ensuite le tracé du tour du monde a été affectée puisque j’aurai dû me rendre à Wallis-et-Futuna (entre la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie). Ce territoire reste malheureusement fermé à cause de la pandémie. De plus, il est très difficile de continuer vers l’Ouest depuis la Polynésie française car l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon sont inaccessibles. Mais grâce à un peu d’ingéniosité et de compromis, je vais faire ce tour du monde et réaliser un premier film documentaire !

Informations supplémentaires

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